lundi 24 décembre 2012

Le beau monde - Harriet Lane



Frances Thorpe est invisible. Correctrice aux pages "Livres" d'un prestigieux journal, elle regarde briller le beau monde des lettres tandis qu'elle s'enlise dans une existence médiocre. Jusqu'au jour où un soir, elle croise une voiture accidentée sur une route de campagne et recueille les derniers mots de la conductrice, Alys Kyte. En rencontrant la famille d'Alys, Frances entrevoit la lumière et ne résiste pas à son attraction. Le mari, Laurence Kyte, le grand écrivain, les deux enfants, Polly et Teddy. Depuis l'ombre qui la protège, elle observe chacun, les analyse, imite leurs gestes et leurs manières. Dans le halo qui les entoure, la jeune femme ordinaire côtoie l'exception, les privilèges qui lui sont refusés : il lui faut goûter à cette chaleur, à cette lumière. A tout prix. Le Beau Monde est un premier roman psychologique féroce, où, suivant l'insaisissable Frances, on oscille entre le suspense d'un thriller, la peur, la fascination et l'ambition d'une héroïne troublante à la Daphné du Maurier. 

Un livre d'une force incroyable : tour à tour thriller, comédie de moeurs, peinture sociologique. L'auteur nous dévoile la personnalité de Frances par petite touche, et si celle-ci se définit comme terne et insipide, on se rend vite compte qu'au contraire, elle a une vision juste du monde qui l'entoure, vision qui va servir son ambition démesurée! Reste à savoir si au final, l'héroïne nous est sympathique : pas si sûr.

mercredi 19 décembre 2012

Coral Glynn - Peter Cameron


Engagée pour prendre soin d’une femme en fin de vie dans sa maison isolée, une jeune infirmière découvre que le manoir est également habité par le fils, vétéran blessé pendant la guerre.
À la mort de sa mère, Clement, qui craint la solitude, propose à cette jolie – bien qu’un peu fade et rustre – jeune femme de l’épouser. Coral accepte. Mais une péripétie vient interrompre un bonheur de courte durée, puisqu’elle se retrouve soupçonnée de meurtre, un meurtre dont elle a effectivement été témoin mais qu’elle a tu par souci de bienséance.

Ce livre, qui se lit très vite tant on est pris par l'histoire, nous raconte la bourgeoisie anglaise d'après-guerre et ses moeurs ; homosexualité, viol, mariage, etc. Malgré la violence sous-jacente on retrouve une ambiance anglo-saxonne type et surannée.

samedi 15 décembre 2012

La station thermale - Ginevra Bompiani



Trois femmes et une fillette se croisent dans une station thermale ; un univers de femmes où il est question des hommes bien entendu, de la peur de vieillir, de la douleur d'aimer, de secrets. G. Bompiani définit son roman comme "mélancomique" mais le côté comique m'a échappée.
Et je ne garderai pas de cette lecture l'envie de retrouver l'auteure dans d'autres romans.

samedi 8 décembre 2012

Les pays - Marie-Hélène Lafon


Claire, fille de paysans du Cantal, est née dans un monde qui disparaît. Son père le dit et le répète depuis son enfance : ils sont les derniers.
Très tôt, elle comprend que le salut viendra des études et des livres. Elle s'engage donc dans ce travail avec énergie et acharnement. Elle doit être la meilleure. Grâce à la bourse obtenue, elle monte à Paris, étudie en Sorbonne et découvre un univers inconnu.
Elle n'oubliera rien du pays premier, et apprendra la ville où elle fera sa vie.
Les Pays raconte ces années de passage.

 C'est mon premier livre de cette auteure, car j'ai une réticence innée pour les livres dit "de terroir" ; mais il se trouve que MH Lafon surmonte cette épreuve ; elle parle de cet exode rural des années 70/80, qui a touché toute une génération, mais qui  n'a pas pour autant renié ses origines.
 Bien que le style littéraire m'aie surpris au départ, son écriture dénuée de sentimalisme, exprime avec justesse et tendresse les 2 univers ; elle démontre bien la transformation de la vie des paysans, dévorée par la télévision.

jeudi 29 novembre 2012

Le journal de Frankie Pratt - Caroline Preston

1920 : Frankie Pratt a 18 ans lorsqu'elle commence à écrire son Journal. Elève prometteuse. lectrice avertie, la jeune fille rêve de devenir écrivain. Avec une machine à écrire Corona et une fantaisie d'archiviste, elle se lance dans le récit de ses aventures sous forme de scrapbook. Tour à tour étudiante boursière au Vassar College, danseuse de charleston amateur à Greenwich Village, rédactrice de potins à grand tirage, secrétaire d'édition auprès de James Joyce, amoureuse éperdue de mauvais garçons, elle nous entraîne clans un périple qui la conduira du New York de la Prohibition au Paris des Années folles. Cartes postales, articles et dessins de presse, gravures de mode. tickets de train ou de paquebot, échantillons de tissus... Six cents pièces d'époque, glanées chez les antiquaires ou sur Internet, ont été nécessaires pour composer ce livre. 

Très original, et même si je ne suis pas fan de scrapbooking, cela rappelle les romans photos d'antan. L'histoire en elle-même n'a pas grand intérêt, elle est même un peu superficiel, mais esthétiquement c'est sympa. On imagine aisément le travail artistique effectué et surtout la quête des éléments nécessaires à la confection de ce roman graphique.

mercredi 28 novembre 2012

La grand-mère de Jade / Frédérique Deghelt


Pour éviter à sa grand-mère Mamoune, au parfum de violette et de fleur d'oranger, un placement en maison de repos, Jade la "kidnappe" et l'installe dans son appartement parisien. L'octogénaire savoyarde et la jeune célibataire, journaliste indépendante, tissent avec douceur et simplicité une vie commune nourrie de leurs souvenirs. Au-delà de l'affection, elles se découvrent un autre lien : Jade s'essaie à l'écriture, tandis que Mamoune, lectrice passionnée, a secrètement fait de ses montagnes savoyardes son cabinet de lecture. Jade, qui concevait sa vie sans ancrages ni repères, apprend de sa grand-mère que c'est dans la confiance et l'acceptation de l'autre que l'on a des chances d'être soi. Grâce à Mamoune, touchante dans sa dignité chancelante, l'appartement de Jade devient le lieu de tous les possibles. D'une écriture enlevée et bienveillante, Frédérique Deghelt raconte la libération d'une jeune femme perdue dans l'agitation de son quotidien et insuffle à ses personnages la force et l'audace de réinventer leurs vies. 

C'est mon 2e livre de cette auteure et à chaque fois j'en ressort avec le même malaise  : un livre écrit par une "bobo" pour des "bobos" ; malgré tout elle a le mérite, dans celui-ci, de s'attaquer à un thème dur et laissé de côté dans notre société : la vieillesse et la déchéance et ce avec tendresse et lucidité. Mais il y a trop de longueur, de parties "ampoulées" ; par contre la chute, abrupte et brève, m'a déroutée mais je l'ai appréciée.

samedi 24 novembre 2012

L'arbre des pleurs - Naseem Rakha

Irène Stanley a vu sa vie brisée le jour où son fils a été abattu lors d'une tentative de cambriolage dans leur maison en Oregon. Agé de seulement dix-neuf ans, le coupable, Daniel Robbins, a été condamné à la peine capitale. Après avoir passé la moitié de sa vie dans le couloir de la mort, Daniel est à présent résigné lorsque l'ordre d'exécution est donné. A la stupéfaction de ses proches, Irène refuse la sentence. Elle va tout faire pour sauver la vie de l'assassin de son fils. 

"On en ressort déboussolé, bouleversé. Un coup de maître pour un premier roman" F Delmas (Dauphiné libéré)

 On ne peut qu'être d'accord avec F Delmas : ce premier roman est stupéfiant tant par le sujet que par l'écriture. N Rakha a beaucoup de talent.

jeudi 15 novembre 2012

Zona frigida - Anne B. Ragde

Un huit-clos haletant, par l'auteure norvégienne à succès

Qu'est-ce qui a bien pu pousser Bea, jeune caricaturiste branchée de 35 ans, à s'inscrire pour une croisière à destination des terres du Grand Nord ? La croisière, d'abord : un concept plutôt destiné au Troisième âge et pas à une célibataire croqueuse d'hommes comme elle... La destination, ensuite : le Svalbard, dite « Zona frigida », aux confins septentrionaux de la Norvège, ne constitue pas un territoire des plus accueillants. On prétend même qu'il y fait si froid que tous les animaux sont devenus blancs... Autant dire que la présence de Bea sur ce cargo a de quoi susciter la curiosité de ses compagnons de route.
Si la jeune femme a prétexté auprès de ses proches le besoin de rompre avec son quotidien, il apparaît rapidement que ses motivations sont tout autres : Bea a des comptes à régler avec son passé et ce voyage devrait lui permettre de repartir à zéro. La croisière d'agrément va vite se transformer en cauchemar pour certains passagers...

"Anne B Ragde signe avec Zona Frigida un roman noir éblouissant, une tragédie magistrale doublée d'un plaidoyer écologique jamais bêta" Delphine Peras - Lire

Rien à rajouter à cette critique plus que pertinente!

mardi 6 novembre 2012

Le confident - Hélène Grémillon


Camille vient de perdre sa mère. Parmi les lettres de condoléances, elle découvre un étrange courrier, non signé. Elle croit d’abord à une erreur mais les lettres continuent d’arriver, tissant le roman de deux amours impossibles, de quatre destins brisés. Peu à peu, Camille comprend qu’elle n’est pas étrangère au terrible secret que cette correspondance renferme. Dans ce premier roman sur fond de Seconde Guerre mondiale, Hélène Grémillon mêle de main de maître récit historique et suspens psychologique. Le confident a obtenu cinq prix littéraires et été traduit en dix-huit langues.

Magistral! Pour un premier roman c'est un coup de maître. L'auteur arrive à démontrer les conséquences de la "folie" humaine  au niveau d'une famille mais aussi à l'échelle des nations! L'histoire des personnages suit l'Histoire et c'est réussit! Les actes des uns entrainent les autres irrémédiablement. Très bien écrit, ce livre mérite les prix obtenus.

lundi 29 octobre 2012

Rosa candida - Audur Ava Olafsdottir


Une étreinte furtive avec Anna, un bout de nuit, et Arnljotur s'est retrouvé père d'une petite fille. A vingt-deux ans, il abandonne sa famille et quitte sa terre d'Islande, avec dans ses bagages, quelques boutures de Rosa candida, une rose à huit pétales qu'il cultivait avec sa mère. Il part redonner vie à une roseraie à l'abandon dans un monastère gardé par un moine cinéphile. Un jour, Anna réapparaît pour lui confier sa fille, Flora Sol. Et si l'amour pouvait naître? 

Un beau livre, étrange, un peu comme un conte; c'est peut-être dû au fait que l'on a aucune indication sur les lieux où se situe la roseraie et le monastère. Par contre c'est une belle histoire sur l'amour, sur la filiation, la vie de couple et la vie de famille. Sur la vie en général et comment trouver sa voie.

jeudi 25 octobre 2012

L'art du jeu - Chad Harbach



Henry Skrimshander est une véritable star du baseball : dans l'équipe du Westish College, petite université du Wisconsin, il conclut tous ses matches par un sans-faute. Jusqu'au jour où il rate un lancer facile. Son destin, ainsi que la vie de quatre personnes, prennent alors un tournant décisif. Déstabilisé, Henry remet en cause la brillante carrière à laquelle il est promis. 
Guert Affenlight, le président de l'université, tombe contre toute attente éperdument amoureux. Owen Dunne, coéquipier homosexuel de Henry, s'embarque dans une liaison dangereuse, tandis que Mike Schwartz, capitaine de l'équipe de baseball, est pris de doute sur son avenir et sur le rôle de mentor qu'il a joué pour Henry. Enfin, Pella Affenlight, la fille de Guert, revient à Westish pour échapper à un mariage malheureux et recommencer une nouvelle vie.
Alors que les derniers matches de la saison approchent, ces cinq personnages vont devoir affronter leurs espoirs, leurs angoisses et leurs secrets les plus intimes. Ensemble, ils vont s'aider à trouver leur voie et tisser de nouveaux liens. Tendre et subtil, L'Art du jeu évoque, à travers des personnages attachants, aussi bien l'amitié, l'amour et la famille, que les aspirations de chacun, l'ambition et ses limites

J'ai adoré ce livre, malgré les passages techniques sur le baseball (que j'ai allègrement survolé) ; c'est bien écrit et même si l'univers est typiquement américain, les personnages sont attachants et leurs personnalités diverses et non lissées font de cette université un microcosme humain intéressant On découvre les étudiants sportifs sous un jour inhabituel, et plutôt en leur faveur, même si le livre, sans concession, dévoile les failles de tous les protagonistes.

dimanche 14 octobre 2012

Jack Maggs - Peter Carey





"Français, il se nommerait Jean Valjean, Edmond Dantès, Chéri-Bibi. Anglais, son nom sera Jack Maggs. C'est le bagnard immortel, mythique et merveilleux tel que la littérature d'évasion nous apprend à l'aimer dès l'adolescence, chez Hugo, Dumas ou Gaston Leroux. Fier, mystérieux, susceptible, le coeur sur la main et le poignard dans l'autre, en cas de coups durs; et il y en aura, roman-feuilleton oblige. 
Jack le balafré, on le croyait relégué pour toujours dans les boues argileuses d'un infâme pénitencier australien. Alors, que cache son retour en secret, à Londres, en 1837? Plus étrange encore: ce n'est pas vers Whitechapel, où sévit un autre Jack, moins sympathique, que le portent ses pas, mais du côté du très chic Kensington. Engagé comme valet de chambre par un commerçant féru de spiritisme, Maggs le proscrit s'intéresse beaucoup au dandy sodomite de la maison voisine. Et s'il était ce fils que Jack négligea dans sa jeunesse aventureuse, initiée au cambriolage par des Thénardier du London Bridge? 
L'amitié d'un collègue domestique et d'une fille de cuisine contribuera à dénouer l'affaire: se faire accepter de l'adolescent et résister à l'écrivain Oates, qui cherche à lui dérober sa propre histoire. Peter Carey, lui, en profite pour revisiter tout un pan de la littérature victorienne. Cet Australien surdoué de 56 ans fait en effet subir, depuis l'admirable Oscar et Lucinda (10/18), un traitement de choc aux géants des lettres saxonnes: il s'offre un véritable ravalement de la façade et des intérieurs d'une tradition sublime, grâce à une écriture moderne et ludique, généreuse, narquoise, sidérante d'intelligence. Sur les brouillards de Turner, les bas-fonds mélos d'Oliver Twist, les coups de théâtre à la Conan Doyle, les attendrissements d'une George Eliot court le regard incisif et affectueux d'un auteur qui, ayant lu tous les livres, multiplie à l'infini les points de vue, les arrêts sur image. Néoclassique, ce mille-feuille malin et féerique? Assurément. Nous sommes chez Dickens, mais filmé par Jane Campion. "

Les lisières - Olivier Adam


Entre son ex-femme dont il est toujours amoureux, ses enfants qui lui manquent, son frère qui le somme de partir s occuper de ses parents « pour une fois », son père ouvrier qui s apprête à voter FN et le tsunami qui ravage un Japon où il a vécu les meilleurs moments de sa vie, tout semble pousser Paul Steiner aux lisières de sa propre existence. De retour dans la banlieue de son enfance, il va se confronter au monde qui l a fondé et qu il a fui. En quelques semaines et autant de rencontres, c est à un véritable état des lieux personnel, social et culturel qu il se livre, porté par l espoir de trouver, enfin, sa place.Dans ce roman ample et percutant, Olivier Adam embrasse dans un même souffle le destin d un homme et le portrait d une certaine France, à la périphérie d elle-même.

Voilà bien un univers qui ne me parle pas  ; fille de la campagne je ne me reconnais pas dans le mal être du banlieusard, non revendiqué, qu'est l'écrivain. Et puis ses descriptions ou plutôt ses litanies sans fins, successions de mots en accéléré ne m'ont pas été plaisantes à lire ; même si je l'ai lu assez vite j'ai le sentiment que c'était plus pour en finir que par attirance ou intérêt (d'ailleurs j'ai sauté pas mal de passage). Mais c'est plus une question d'ambiance et de génération que de qualité littéraire j'en conviens.

dimanche 7 octobre 2012

Une Place à Prendre - J.K. Rowling

Une place à prendre

Bienvenue à Pagford, petite bourgade anglaise paisible et charmante : ses maisons cossues, son ancienne abbaye, sa place de marché pittoresque… et son lourd fardeau de secrets. Car derrière cette façade idyllique, Pagford est en proie aux tourmentes les plus violentes, et les conflits font rage sur tous les fronts, à la faveur de la mort soudaine de son plus éminent notable. Entre nantis et pauvres, enfants et parents, maris et femmes, ce sont des années de rancunes, de rancœurs, de haines et de mensonges, jusqu’alors soigneusement dissimulés, qui vont éclater au grand jour et, à l’occasion d’une élection municipale en apparence anodine, faire basculer Pagford dans la tragédie. Attendue de tous, J.K. Rowling revient là où on ne l’attendait pas et signe, avec ce premier roman destiné à un public adulte, une fresque féroce et audacieuse, teintée d’humour noir et mettant en scène les grandes questions de notre temps. 

J'avais hâte de lire ce premier roman pour adultes de J.K. Rowling en dépit du résumé, qui, normalement m'aurait fait fuir.
En fait, malgré un début incertain, j'ai beaucoup aimé ce livre, et je n'ai pas vu passer les 600+ pages. On voit les lieux et les personnages comme si on y était. Beaucoup de critiques se plaignent du pessimisme du livre; je le trouve plutôt réaliste, malheureusement, autant au sujet de la pauvreté dans laquelle vivent certains personnages que par rapport à la nature humaine en général.
 

Les accusées - Charlotte Rogan


À l'été 1914, l'Impératrice Alexandra, un paquebot transatlantique croisant vers New York, fait naufrage suite à une mystérieuse explosion. À son bord se trouve Henry Winter, un riche banquier en voyage de noces avec sa jeune épouse Grâce. Malgré la panique ambiante, Henry parvient à trouver une place à sa femme sur l'une des chaloupes de sauvetage. Elle y rejoint trente-huit autres passagers, bien plus que l'embarcation ne peut en contenir. Pendant vingt et un jours et vingt et une nuits, les rescapés luttent contre les éléments, la faim, la soif et leur pire ennemi : la peur. La chaloupe menace de chavirer à tout moment et les inimitiés ne tardent pas à apparaître. Une évidence se fait jour : pour que certains vivent, d'autres doivent mourir.

Grâce fait partie de ceux qui ont survécu... mais à quel prix ? C'est ce que cherche à savoir le tribunal devant lequel elle comparaît avec deux autres femmes, toutes trois accusées d'avoir tué l'un de leurs compagnons d'infortune. Mais la justice peut-elle vraiment statuer sur ce qui s'est passé entre ces hommes et femmes confrontés à une mort imminente ?

Sublime et dérangeant. Les Accusées explore les limites de la morale humaine.

 Habile, l'auteure joue à merveille de l'ambiguïté de son héroïne, sainte-­nitouche qui plaide sa cause pour mieux enfoncer les autres. Presque aussi amorale que Barbey d'Aurevilly, Charlotte Rogan va jusqu'à transformer son naufrage en expérience libératrice. Diabolique. (François Lestavel - Paris-Match, septembre 2012 ) 
Je pourrais reprendre cette critique à mon compte  tant elle exprime mon ressentit à la lecture de ce récit bien maîtrisé ; celui-ci commence dans une certaine confusion (normal lors d'un naufrage!) mais plus il avance et plus il nous captive. Une analyse de l'âme humaine (de sa perversité?) sans concession mais surtout très fine.

dimanche 30 septembre 2012

Le palais de verre - Simon Mawer




Une inoubliable fresque conjugale à travers six décennies d'histoire européenne. Finaliste du Booker Prize, élu meilleur livre de l'année par The Observer et The Financial Times : un chef-d'oeuvre. Tchécoslovaquie, fin des années 1920. Liesel tombe amoureuse de Viktor Landauer, héritier d'une riche famille juive. Les deux jeunes gens, qui fréquentent la haute société des années folles, rêvent d'une maison moderne. C'est à Venise qu'ils vont rencontrer l'homme capable de mener à bien ce projet, Rainer von Abt, un architecte adepte de Loos, de Mondrian, du Corbusier. Celui-ci va imaginer pour eux un palais de verre, une oeuvre d'art entièrement conçue autour des transparences et de la lumière. Plus qu'une maison, c'est un véritable acte de foi dans le siècle nouveau où, les jeunes mariés n'en doutent pas, l'art, la science, la démocratie sauront venir à bout des ténèbres. Mais les espoirs du jeune couple, comme ceux de toute une société, ne vont pas tarder à être mis à mal par les aléas de la vie conjugale et de l'histoire, l'occupation nazie puis soviétique de l'Europe centrale venant bouleverser la donne. A travers les aventures d'un couple, de leur famille et de leur maison, Simon Mawer brosse un tableau fascinant de six décennies de l'histoire européenne. Mêlant l'intime et l'histoire avec une maestria incomparable, il nous offre un grand roman d'amour et une réflexion inédite sur le sort des individus pris dans la tourmente des temps. 

 Magnifique! L'auteur nous fait traverser le 20e siècle en mêlant l'intime et l'Histoire de façon extraordinaire ; on est ébloui par sa connaissance du sujet et par sa maîtrise de l'écriture. Sans oublier la culture, l'art et bien sûr l'architecture. A lire absolument.

samedi 22 septembre 2012

Les filles de Mr Darcy - Elizabeth Aston

Vingt années après Orgueil et Préjugés, nous faisons la connaissance des cinq filles d’Elizabeth et Darcy. Alors que leurs parents sont en voyage à Constantinople, les demoiselles viennent passer quelques mois à Londres chez leur oncle Fitzwilliam. La découverte de la vie citadine, des plaisirs et des disgrâces qu’elle offre, associée au caractère fort différent de ces jeunes personnes, va mener à des aventures – et des amours – inattendues, dans un cadre particulièrement mondain, où de nombreux individus se côtoient. On retrouve avec plaisir certains personnages créés par Jane Austen. 

Attirée par la suite du livre de J Austen, imaginée par E. Aston,  j'ai un sentiment ambivalent sur ce livre : beaucoup d'invraisemblances, des  dénouements prévisibles et des personnages parfois fades et malgré tout je me suis laissée prendre par l'atmosphère "so british",  l'intrigue et l'écriture. Se lit facilement...

samedi 15 septembre 2012

La dernière conquête du major Pettigrew - Helen Simonson

À Edgecombe St. Mary, en plein coeur de la campagne anglaise, une tasse de thé délicatement infusé est un rituel auquel, à l’heure dite, le major Ernest Pettigrew ne saurait déroger pas plus qu’à son sens du devoir et à son extrême courtoisie, aussi désuète que touchante, qui font de lui l’archétype même du gentleman anglais : raffiné, sarcastique et irréprochable. Dans ce petit village pittoresque où les cottages le disputent aux clématites, le major a depuis trop longtemps délaissé son jardin. Désormais veuf, il a pour seule compagnie ses livres, ses chers Kipling, et quelques amis du club de golf fuyant leurs dames patronnesses. Ce n’est guère son fils, Roger, un jeune londonien ambitieux, qui pourrait le combler de tendresse. Mais, le jour où le major apprend le décès de son frère Bertie, la présence douce et gracieuse de Mme Ali, veuve elle aussi, va réveiller son coeur engourdi. Tout devrait les séparer, elle, la petite commerçante d’origine pakistanaise, et lui, le major anglais élevé dans le plus pur esprit britannique. Pourtant leur passion pour la littérature et la douleur partagée du deuil sauront les réunir. Ils vont, dès lors, être confrontés aux préjugés mesquins des villageois, où le racisme ordinaire sévit tout autant dans les soirées privées, sur le parcours de golf, à la chasse, sur les bancs de messe que dans les douillets intérieurs. Et les obstacles seront pour eux d’autant plus nombreux que leurs familles s’en mêlent : Roger s’installe dans un cottage voisin avec Sandy, sa petite amie américaine, et le neveu de Mme Ali, musulman très strict rentré du Pakistan, se découvre un enfant caché…
C’est avec beaucoup de charme et d’intelligence que Helen Simonson s’empare du thème des traditions pour montrer combien elles peuvent être à la fois une valeur refuge et un danger. Il se dégage de son roman une atmosphère so british qui enchante. Reste une question : votre tasse de thé, vous le prendrez avec un nuage de lait ou une tranche de citron ? 

 J'ai ressentit un grand bonheur à lire ce livre et, alors que le major est un personnage qui a la rigidité et l'intransigeance toute militaire, il finit par gagner notre coeur par sa générosité et son humour très british! A la fin on l'adore! Ce livre mêle  tradition et  modernité, communautarisme et ouverture aux autres et tente d'explorer l'âme humaine sous tous ses aspects. L'envers du décor c'est peut-être que les personnages sont décrit avec quelques clichés.

mercredi 5 septembre 2012

Mon Antonia - Willa Cather







À la fin du siècle dernier, sur les plaines du Nebraska recouvertes à l'infini des mêmes herbes rouges, s'implantent de nombreuses familles d'immigrés européens. Russes, Tchèques, Norvégiens se regroupent en communautés sur des terres qui restent à défricher. Jim a dix ans lorsqu'il vient vivre chez ses grands-parents, propriétaires d'une ferme. À quelques kilomètres s'installe la famille d'Àntonia, immigrés tchèques partagés entre la nostalgie de l'Europe et l'espoir en l'Amérique. Jim et Àntonia, unis par les mêmes valeurs humaines et une amitié mi-fraternelle, mi-amoureuse, connaîtront des destins différents. L'image d'Àntonia reste gravée dans la mémoire comme l'incarnation de la ténacité des pionniers, auréolée de la nostalgie du passé précieux, incommunicable". "Willa Cather a fait sous la mitraille de l'émotion, avec des odeurs de foin et des couleurs fortes, le roman vital de l'Amérique à ses débuts. C'est Virgile élégiaque, perdu dans les herbes du Nebraska."

Un très beau livre sur la dure vie des colons et la construction de l'Amérique, mais aussi sur l'immigration, l'intégration et la diversité au siècle dernier.

dimanche 2 septembre 2012

En vieillissant les hommes pleurent - Jean-Luc Seigle

9 juillet 1961. Dès le lever du jour, il fait déjà une chaleur à crever. Albert est ouvrier chez Michelin. Suzanne coud ses robes elle-même. Gilles, leur cadet, se passionne pour un roman de Balzac. Ce jour-là, la télévision fait son entrée dans la famille Chassaing. Tous attendent de voir Henri, le fils aîné, dans le reportage sur la guerre d'Algérie diffusé le soir même. Pour Albert, c'est le monde qui bascule. Saura-t-il y trouver sa place? Réflexion sur la modernité et le passage à la société de consommation, En vieillissant les hommes pleurent jette un regard saisissant sur les années 1960, théâtre intime et silencieux d'un des plus grands bouleversements du siècle dernier. 

Magnifique. Un livre d'une écriture simple mais superbe. Un livre bouleversant mais pas larmoyant, plein d'émotions, d'une rare intensité. L'action se déroule sur une journée d'été en 1961 et retrace à la fois l'histoire, depuis la guerre de 14 à celle d'Algérie via les hommes de la famille, la vie d'une famille d'ouvrier (Michelin) et le passage à la société dite "moderne" ou de consommation. L'arrivée de la télévision marque ce grand tournant,  cette "modernité" irréversible. Et puis il y a le rôle des livres, de la lecture dans la construction de l'individu.
Je ne peux que le recommander...

Pao - Kerry Young

Pao 

Kingston, 1938. Fourteen-year-old Yang Pao steps off the ship from China with his mother and brother, after his father has died fighting for the revolution. They are to live with Zhang, the 'godfather' of Chinatown, who mesmerises Pao with stories of glorious Chinese socialism on one hand, and the reality of his protection business on the other. When Pao takes over the family's affairs he becomes a powerful man. He sets his sights on marrying well, but when Gloria Campbell, a black prostitute, comes to him for help he is drawn to her beauty and strength. They begin a relationship that continues even after Pao marries Fay Wong, the 'acceptable' but headstrong daughter of a wealthy Chinese merchant. As the political violence escalates in the 1960s the lines between Pao's socialist ideals and private ambitions become blurred. Jamaica is transforming, the tides of change are rising, and the one-time boss of Chinatown finds himself cast adrift. Richly imagined and utterly captivating, Pao is a dazzling tale of race, class and colour, love and ambition, and a country at a historical crossroads.

Un livre récent, pour l'instant disponible en anglais uniquement. A surveiller pour une sortie en français- ce livre raconte l'histoire d'une famille chinoise en jamaïque avant et pendant les changements politiques du pays. Inhabituel, mais captivant.

Les Jardins des Femmes - Aminatta Forna

Les jardins des femmes 

Londres, 2001. Abie reçoit une lettre en provenance d'Afrique l'informant qu'elle est la dernière à pouvoir sauver le domaine de Kholifa, qui appartenait à son grand-père. Contre toute attente, Abie accepte cette mission et retourne dans son pays. Une fois sur place, au coeur des plantations de café dévastées, elle tente de ramener à elle les voix du passé. Mais celles-ci ont disparu sous l'épais sédiment des années. À travers le récit de ses tantes, Asana, Mariama, Hawa et Sérah, quatre femmes nées des différentes épouses de son grand-père, Abie va alors entreprendre la reconstitution de son histoire familiale: Asana, fille de la première épouse, qui a perdu son jumeau; Hawa, orpheline et chef d'orchestre de son propre malheur; Mariama, qui voit l'envers du monde ; et Sérah, qui rêve d'occident. Roman puissant et sensuel, Les jardins des femmes nous plonge dans l'Afrique d'aujourd'hui comme du siècle dernier, donnant à voir la puissance de l'héritage culturel que les femmes portent en elles, où qu'elles soient. 

Un livre écrit presque dans le style de contes- chaque chapitre est la voix d'une des tantes d'Abie. Le livre est divisé en 3 parties, chacune décrivant des moments différents de la vie. On aperçoit toute une société par les petits détails que chacune raconte. Je connaissais mal cette culture : on se retrouve plongé dans un contexte de polygamie, d'exploitation, de guerre mais où co-existe un amour inconditionnel, un ordre accepté, un espoir et une confiance solides.
J'ai passé un bon moment avec ce livre plein de couleurs. Un seul petit bémol- des fois les voix de certaines tantes se confondent un peu (et lisant avec un Kindle, ce n'est pas pratique de se référer aux pages antérieures!)

jeudi 30 août 2012

Promenons-nous dans les bois - Bill Bryson


Rentré aux États-Unis au milieu des années 1990 après avoir longtemps vécu en Angleterre, le désopilant Bill Bryson nous avait raconté les péripéties de son quotidien dans American Rigolos (Payot, 2001). Outre observer la faune de ses concitoyens, il a voulu redécouvrir aussi son pays par un retour à la nature. Alors il s’est courageusement attaqué à l’Appalachian Trail, un sentier qui serpente à travers les montagnes sur 3 500 kilomètres, du Maine à la Géorgie.
Pour compagnon dans des paysages autrement plus tourmentés que son Iowa natal, Bill s’est choisi son vieux copain d’école, Stephen Katz, qu’il nous avait présenté dans Ma fabuleuse enfance dans l’Amérique des années 1950 (Payot, 2009). Le problème, c’est que Katz n’aime rien tant que regarder la série X-Files dans les motels. L’autre problème, c’est qu’en se promenant dans les bois on risque, comme dans la série, de croiser de drôles de créatures qui n’ont pas l’humour de l’auteur – des ours ou, pis, des randonneurs, sans oublier les petites plantes toxiques qui vous rendent plus vert qu’un Martien.
La littérature de voyage à la Bryson a pour immense avantage de ne pas endormir le lecteur en chemin. « Jamais un bouquin ne m’a fait autant rire ! » s’est exclamé Robert Redford après en avoir acquis les droits cinématographiques pour devenir Bill à l’écran aux côtés de Katz, alias Paul Newman. Le décès de ce dernier a repoussé le projet, mais Redford a récemment déclaré ne pas y avoir renoncé…

Je ne suis pas aussi euphorique que R. Redford mais malgré tout ce livre est assez désopilant et pour la randonneuse que je suis assez parlant. Mais les nombreux passages relatant l'histoire à la fois de l'AT et des régions qu'il traverse ne m'ont pas toujours passionnée. Malgré tout ce livre est très agréable à lire et décrit avec précision l'univers de la rando et de la montagne, les différents types de randonneurs américains et l'évolution des mentalités américaines dans leur rapport à la nature.

mardi 21 août 2012

l'île des oubliés - Victoria Hislop

Saga familiale bouleversante et plaidoyer vibrant contre l'exclusion, L'Ile des oubliés a conquis le monde entier avec ses personnages inoubliables. Traduit dans vingt-cinq pays, vendu à plus de deux millions d'exemplaires, ce roman d'évasion plein d'émotion et de suspense nous emporte au large de la Crète, sur une île au passé troublant. Alexis, une jeune Anglaise, ignore tout de l'histoire de sa famille. Pour en savoir plus, elle part visiter le village natal de sa mère en Crète. Elle y fait une terrible découverte : juste en face se dresse Spinalonga, la colonie où l'on envoyait les lépreux... et où son arrière-grand-mère aurait péri. Quels mystères
effrayants recèle cette île des oubliés ? Pourquoi la mère d'Alexis a-t-elle si violemment rompu avec son passé ? La jeune femme est bien décidée à lever le voile sur la déchirante destinée de ses aïeules et sur leurs sombres secrets... 

J'ai lu ce livre avec beaucoup de plaisir et ai découvert l'histoire de cette île-léproserie dont j'ignorai tout ; mais la lèpre n'est pas le sujet principal du roman même si elle en constitue la trame. En fait il s'agit d'une saga familiale avec ses drames et ses bonheurs. Le livre dépeint la vie en Crète à cette époque et montre l'enracinement des crétois, leur attachement à leur terre et leur joie de vivre malgré des conditions de vie rudes. 
Mis à part certaines longueurs dans les descriptions, le livre est très bien écrit et se lit aisément.

dimanche 19 août 2012

Le roi n'a pas sommeil - Cécile Coulon

Le roi n'a pas sommeil raconte le destin tragique d'un enfant maudit : Thomas Hogan. Un conte dont le charme poétique opère irrémédiablement sur le lecteur. A la mort de son père qui lui lègue sa fortune, William Hogan, le père de Thomas, rachète une propriété d'une beauté sauvage et subjuguante : deux hectares de forêts envahis par les framboisiers sauvages et où paissent des cerfs et des biches. Une fois sa fortune dilapidée, il se tue au travail, de jour, à la Scierie du village et, de nuit, à la gendarmerie où il classe les dossiers des affaires les plus sordides. Est-ce cette proximité avec le crime ? Il est sombre, triste et violent. Mais il travaille dur et c'est un bon parti. Un soir de bal au village, il séduit une beauté, Mary, et l'épouse. Thomas naît de cette union. C'est un bel enfant, à l'opposé de son père, fragile et vulnérable. Mais sa vie bascule le jour où William s'entaille profondément la main droite à la Scierie. Cette blessure gangrène et emporte le père sans que le médecin de famille, O'Brien, ne puisse rien y faire. Comme un signe de mauvais augure, l'accident plane désormais sur le destin de Thomas. Celui-ci grandit et connaît l'amitié avec Paul, son double à qui tout l'oppose, puis l'amour avec Donna, l'admirable assistante du Docteur O'Brien. Bientôt, son destin sombre le rattrape : il deviendra pour tous le " fils maudit " de Mary, une légende. Dans un style sobre mais imaginé, Cécile Coulon nous entraîne dans un univers d'émotion qui allie une atmosphère paisible, et une mélancolie indicible. Son talent tient à sa capacité à rendre magique le quotidien et le banal. 

Je n'ai pas lu le premier livre de cette jeune auteure clermontoise, mais celui-ci est sidérant. Il y a une force et une maturité dans  son écriture qui force le respect. Elle arrive à faire passer tant d'émotions qu'il est difficile de toutes les énumérer. Un livre que je  conseille vivement, bref et intense.

dimanche 12 août 2012

Les dix enfants que madame Ming n'a jamais eus - Eric-Emmanuel Schmitt

Madame Ming aime parler de ses dix enfants vivant dans divers lieux de l'immense Chine. Fabule-t-elle, au pays de l'enfant unique ? A-t-elle contourné la loi ? Aurait-elle sombré dans une folie douce ? Et si cette progéniture n'était pas imaginaire ? L'incroyable secret de Madame Ming rejoint celui de la Chine d'hier et d'aujourd'hui, éclairé par la sagesse immémoriale de Confucius. Dans la veine d'"Oscar et la dame rose", de "Monsieur Ibrahim et les fleurs du Coran" ou de "L'Enfant de Noé", "Les dix enfants que Mme Ming n'a pas eus" est le sixième récit du "Cycle de l'invisible". 

Bien écrit, dans un style simple, ce livre est très agréable à lire ; l'auteur a réussi à faire de la dame "pipi" d'un grand hôtel une "reine" de sagesse, sagesse empruntée à Confucius! Cette fantastique madame Ming, distille ses conseils par le biais de phrases percutantes et nous amène à nous interroger sur le destin de chacun ou comment faire de la résilience sans le savoir! A lire et à méditer... La Chine continue de fasciner!!!

mercredi 1 août 2012

Ma Famille et Autres Animaux - Gerald Durrell

Ma famille et autres animaux


La famille Durrell ne supportant plus le morne climat britannique, elle décide - comme le ferait n'importe quelle famille sensée - de quitter l'Angleterre et part s'installer sur l'île de Corfou. Pour le jeune Gerry, âgé de dix ans, commence alors une période de fantaisie et de liberté consacrée à l'observation des serpents, scorpions, tortues, lézards, goélands et autres créatures qui peuplent l'île. Et lorsque cette fabuleuse ménagerie croise le chemin de la très originale famille Durrell il s'ensuit une série de catastrophes irrésistibles. Ma famille et autres animaux est le récit hilarant des premières découvertes de la nature et des animaux. Cette joyeuse chronique familiale est devenue un classique de l'humour anglais.

Une lecture 'forcée' à l'école, j'ai décidé de revisiter ce classique britannique. L'humour que j'ai dû raté la première fois m'a frappé cette fois-ci. Les situations décrites par l'auteur sont décalées mais toujours drôles. Les observations et les activités du jeune zoologue sont également frappantes!

jeudi 26 juillet 2012

Entre sourires et larmes - Andrea H. Japp

A la suite du long homme pâle, découvrez Benoît, Elise, Charlotte, Paul, Adrien et les autres... Héros et héroïnes de ce recueil inédit de huit nouvelles policières et fantastiques, ils vous entraînent dans les méandres de l'âme humaine, capable du meilleur comme du pire. 

Jubilatoire! Vite lues ces nouvelles nous font passer du frisson au rire (ou inversement) dans un style très agréable à livre. Une fois tombé dedans on n'en sort plus.

Sept mètres de soie - Frédérique Galarschi

Amour fou ou amour impossible ? Bien installé dans sa routine de fabricant de fromage AOC, François-Joseph Carton est loin d'imaginer le basculement irrémédiable de sa vie qui va l'emmener très loin de ses montagnes à la découverte de lui-même et le faire cheminer sur la Route de la Soie, jadis empruntée par les marchands.
Le premier roman, inédit, de cette auteure férue de nouvelles nous entraîne du Cantal en Chine, dans un "road-book" à la fois drôle et bouleversant. Un récit d'amour, de voyage, de rédemption et de promesse tenue malgré l'absence... Une publication des Éditions Le Gaulois nomade, amoureux des mots en langue française... 

Attirée par la couverture, les commentaires et le fait que l'histoire débute dans le Cantal, j'ai mis beaucoup de temps à lire ce livre ; il n'est pas mal écrit, mais j'ai eu du mal avec l'histoire (trop codée, top de secrets) et surtout le mysticisme de la 2e partie. La religion a pris tant d'importance et sa justification que cela m'a gênée. J'ai finit pour dire je l'ai terminé...

dimanche 8 juillet 2012

Le Violon Noir - Maxence Fermine

Le Violon noir 

A Venise, alors envahie par les troupes napoléoniennes, Johannes Karelsky, violoniste au talent reconnu dès l'enfance, enrôlé dans l'armée française et blessé au combat, trouve domicile chez un mystérieux luthier, passionné d'échecs et amateur d'eau-de-vie.
Très vite, entre ces deux hommes du secret, se noue une complicité faite de respect, de silence et de musique, qui se changera en une amitié que la simple évocation d'une voix de femme, dont on ne sait au juste où elle les entraînera, scellera jusque dans la mort. Le violon noir, douleur et chef-d'œuvre du luthier, est-il en fin de compte l'instrument de leur perte ou de leur rédemption ?
Après Neige, Maxence Fermine nous donne à lire un roman envoûtant, écrit dans une langue concise et poétique.

Un roman toujours court et toujours rempli de la poésie et du style épuré trouvé dans 'Neige'. J'ai adoré aussi le côté 'musique'.
Je cite les commentaires d'un lecteur Amazon qui décrit à mon sens le livre très bien: 
"La construction du récit, avec une histoire au sein de l'histoire, est classique mais bien articulée, les péripéties vécues par les deux personnages ayant finalement une importance égale, le tout s'achevant à la manière d'un conte. Le fantastique est de mise, avec cette âme qui peut être emprisonnée dans un objet, tandis que les meilleures intentions ont finalement des conséquences très malsaines, la frontière entre le divin et l'infernal n'étant finalement pas évidente."
Bref, encore une fois à recommander...

dimanche 1 juillet 2012

Neige - Maxence Fermine

Neige 

C'était une nuit de pleine lune, on y voyait comme en plein jour. Une armée de nuages aussi cotonneux que des flocons vint masquer le ciel. Ils étaient des milliers de guerriers blancs à prendre possession du ciel. C'était l'armée de la neige. Au Japon, à la fin de XIXe siècle, le jeune Yuko s'adonne à l'art difficile du haïku. Désireux de perfectionner son art, il traverse les Alpes japonaises pour rencontrer un maître. Les deux hommes vont alors nouer une relation étrange, où flotte l'image obsédante d'une femme disparue dans les neiges. Dans une langue concise et blanche, Maxence Fermine cisèle une histoire où la beauté et l'amour ont la fulgurance du haïku. On y trouve aussi le portrait d'un Japon raffiné où, entre violence et douceur, la tradition s'affronte aux forces de la vie.

Un livre très court (une centaine de pages) mais rempli de beauté, de poésie, de fraîcheur, écrit d'un style épuré où semble se mélanger le récit et la poème. Je recommenderai.

vendredi 1 juin 2012

Cotton point - Pete Dexter



En 1954, dans une petite ville de Géorgie, éclate un drame racial d'une extrême violence. Parce qu'il ne parvient pas à se faire rembourser, Paris Trout, un usurier, s'en prend à une famille noire qui lui doit de l'argent. Poursuivi par la Justice pour l'assassinat d'une adolescente, Paris Trout s'obstine à nier l'évidence : il n'a fait, selon lui, qu'user de son droit à la légitime défense. 

Dernière découverte issue de l'émission de François Busnel, et quelle découverte ; on est autant dans l'absurde que dans la violence. P. Dexter dresse le portrait d'une Amérique où le racisme ordinaire fait office de loi, et arrive à faire ressortir la complexité de l'âme humaine. C'est bien écrit, simplement et la montée de la violence chez tous les protagonistes se fait graduellement. 
Mérite amplement son prix!

jeudi 17 mai 2012

La liste de mes envies - Grégoire Delacourt


Jocelyne, dite Jo, rêvait d’être styliste à Paris. Elle est mercière à Arras. Elle aime les jolies silhouettes mais n’a pas tout à fait la taille mannequin. Elle aime les livres et écrit un blog de dentellières. Sa mère lui manque et toutes les six minutes son père, malade, oublie sa vie. Elle attendait le prince charmant et c’est Jocelyn, dit Jo, qui s’est présenté. Ils ont eu deux enfants, perdu un ange, et ce deuil a déréglé les choses entre eux. Jo (le mari) est devenu cruel et Jo (l’épouse) a courbé l’échine. Elle est restée. Son amour et sa patience ont eu raison de la méchanceté. Jusqu’au jour où, grâce aux voisines, les jolies jumelles de Coiff’Esthétique, 18.547.301€ lui tombent dessus. Ce jour-là, elle gagne beaucoup. Peut-être. 

Ce livre est un petit bijou ; il se lit vite car l'écriture est sobre, simple, épurée mais c'est ce qui fait tout son charme. C'est également plein de poésie et de sentiment. Le sujet, lui, est à la fois original est convenu : l'Amour. Comment construire un vrai couple, une vraie vie. Et comment tout perdre en un instant. L'héroïne fait référence en permanence à "Belle du seigneur" d'Albert Cohen et pourtant le livre en est l'exact opposé en tout point, sauf pour la qualité littéraire et les émotions.

PS: Mon premier livre lu sur mon kindle : je suis conquise, je sens que je ne pourrai bientôt plus m'en passer!

mardi 15 mai 2012

La filière émeraude - Michael Collins


En Irlande, Liam a fait des « bêtises », de très graves bêtises. Adieu l'université américaine et la bourse qu'il devait obtenir grâce à ses performances en course à pied. Il ira quand même aux États-Unis, mais clandestinement, expédié par son père qui le méprise. Dans un motel pourri, il rencontre Angel, toute jeune et déjà enceinte, et Sandy, un petit truand drogué. Ils vont partir tous les trois dans la vaste Amérique, celles des rêves infirmes. Un voyage qui prend des allures de descente aux enfers; mais pour ces trois enfants perdus, le salut emprunte les chemins les plus inattendus... Un roman de nuit et d'espoir, servi par une écriture violente et lumineuse.

Un livre noir, mais avec beaucoup d'espoir malgré tout, sur l'émigration et ses désillusions... Une écriture et un style auxquels j'ai eu beaucoup de mal à adhérer peut-être parce que trop réaliste dans la vulgarité et la grossièreté ; un peu ok mais plus de 300 pages c'était trop pour moi.

dimanche 6 mai 2012

Mr Paradise - Elmore Leonard

Drôle d'avocat que ce Mr Paradise, de son vrai nom Tony Paradiso. À son âge, il n'exerce plus et jouit d'une fortune considérable qui lui permet de s'offrir de petits plaisirs dispendieux, telles ces jeunes personnes que lui ramène Montez Taylor, son homme de confiance. Montez est un ancien « client ». Mr Paradiso l'a jadis tiré d'un mauvais pas.
À présent, le très cool Montez s’occupe de recruter les jeunes femmes qui viennent le temps d'une soirée exécuter un numéro de majorettes de chaque côté de l'écran géant sur lequel l'ex-avocat regarde les matchs de l’Université du Michigan, son équipe de football préférée. Pas de quoi fouetter un chat, non. Mais de quoi tuer un homme. Car un soir, alors que Chloé - une habituée des soirées de Mr Paradise - arrive avec son amie Kelly, les choses tournent mal. En moins de temps qu'il n'en faut pour le dire, Mr Paradise et l’une des deux filles ont été abattus. Deux balles chacun. Quand l'inspecteur Frank Delsa débarque sur les lieux, il ne croit guère à l'hypothèse d'un cambriolage avorté que Montez, toujours aussi cool, essaie de lui vendre. Il comprend que les cartes sont brouillées et les dés pipés. Il est encore loin de soupçonner à quel point...

Mr Paradise marque le retour d' Elmore Leonard à Detroit, la ville dans la laquelle sont déjà situés nombre de ses romans. Une brochette de personnages hauts en couleur, des répliques teintées d'humour à froid, un sens aigu du scénario et une ambiance à la NYPD Blue : tels sont les ingrédients de cette recette " leonardienne " qui se révèle toujours aussi délectable. 


Encore une découverte due à François Busnel (et à son émission La grande librairie) et je ne suis pas déçue ; c'est du bon polar avec un humour très particulier, un peu noir. Bon il y a quelques passages, des échanges entre policiers, un peu compliqué à suivre (enfin en ce qui me concerne) mais si bref que cela ne rebute pas;  et puis l'Amérique avec un grand A, telle qu'on l'imagine, effrayante mais pleine d'espoir. 
 

mardi 1 mai 2012

Surprises de Noël - Andréï Kourkov

Surprises de Noël 

Y a-t-il plus chouette cadeau de Noël qu'une nuit dans une isba au milieu des bois enneigés, ou bien un tour en ville sur un tank immaculé ? Cela semble parfait, féérique, tout à fait charmant. Mais dans l'Ukraine un peu folle d'Andreï Kourkov, les choses peuvent vite dégénérer, votre promise se retrouver nue sur scène, votre tour opérateur s'avérer un adepte du tourisme extrême et la Révolution orange contrecarrer vos projets pour les fêtes... Avec ces nouvelles inédites, Kourkov se joue du genre avec brio pour offrir trois fables de Noël empreintes de bizarrerie et d'optimisme. 

J'aime beaucoup les romans de Kourkov pour leur ironie et humour noirs. Ces petites nouvelles sont écrites dans la même lignée, un vrai concentré de son style et de ses personnages. 

samedi 28 avril 2012

Les séparées - Kéthévane Davrichewy



Quand s'ouvre le roman, le 10 mai 1981, Alice et Cécile ont seize ans. Trente ans plus tard, celles qui depuis l'enfance ne se quittaient pas se sont perdues. Alice, installée dans un café, laisse vagabonder son esprit, tentant inlassablement, au fil des réflexions et des souvenirs, de comprendre la raison de cette rupture amicale, que réactivent d'autres chagrins. Plongée dans un semi-coma, Cécile, elle, écrit dans sa tête des lettres imaginaires à Alice. Tissant en une double trame les décennies écoulées, les voix des deux jeunes femmes déroulent le fil de leur histoire. Depuis leur rencontre, elles ont tout partagé : leurs premiers émois amoureux, leurs familles, leur passion pour la littérature, la bande-son et les grands moments des " années Mitterrand ". Elles ont même rêvé à un avenir professionnel commun. Si, de cette amitié fusionnelle, Kéthévane Davrichewy excelle à évoquer les élans et la joie, si les portraits de ceux qu'Alice et Cécile ont aimés illuminent son livre, elle écrit aussi très subtilement sur la complexité des sentiments. Croisant les points de vue de ses deux narratrices, et comme à leur insu, elle laisse affleurer au fil des pages les failles, les malentendus et les secrets dont va se nourrir l'inévitable désamour. Car c'est tout simplement de la perte et de la fin de l'enfance qu'il s'agit dans ce roman à deux voix qui sonne si juste. 


Ce livre est, certes, pleins d'émotions mais on reste un peu spectateur ; j'ai eu du mal à m'identifier aux personnages et à leur rétrospective (et pourtant je suis contemporaine de leur parcours!) ; et puis le milieu social plutôt Bobo m'a un peu dérangé. De plus, le texte comporte trop de non-dits, de silences ; cela finit par prendre trop de place dans l'histoire. Mais cela reste malgré tout une belle histoire d'amitié, qui s'effiloche, mais ça c'est la vie!

mercredi 25 avril 2012

Un homme de tempérament - David Lodge

« Le sexe pour [H. G. Wells] était idéalement une forme de récréation, comme le tennis et le badminton, quelque chose que l’on faisait quand on était avec satisfaction venu à bout d’une tâche, pour se défouler et exercer un moment son corps plutôt que son esprit… »
 De sa plume claire, légère et souvent drôle, David Lodge brosse le portrait d’un homme qui voulait changer le monde : un fervent défenseur de l’Amour Libre dont le destin a été déterminé par de nombreuses aventures et mésaventures sexuelles qui non seulement compliquent sa vie privée mais nuisent à ses ambitions d’homme public.
 Si cet ambitieux roman pose la question de l’éternelle dualité entre idéal amoureux et réalité du désir, il fait aussi découvrir toute une époque à travers l’un de ses meilleurs représentants, H.G. Wells, l’un des écrivains les plus créatifs et prophétiques de sa génération.
L’expansion du socialisme, la naissance des théories féministes, les deux guerres mondiales, les attaques aériennes, la bombe atomique… autant de thèmes d’un monde en pleine mutation qui ne sont pas sans résonance avec le nôtre.

 Lire Lodge est toujours un plaisir malgré quelques longueurs dans ce livre ;  son humour transparait bien dans cette bibliographie romancée et il m'a permis de découvrir un auteur que je ne connaissais que de renommée et une personnalité hors du commun, dont j'ignorai tout.

lundi 26 mars 2012

Le Rêve du Village des Ding - Yan Lianke

Sous les rayons du soleil couchant, la plaine du Henan est rouge, rouge comme le sang. Ce sang que vendent les habitants du Village des Ding pour connaître une vie meilleure. Mais, quelques années plus tard, atteints de " la fièvre ", ils se flétrissent et quittent ce monde, emportés par le vent d'automne comme des feuilles mortes. Seul le fils du vieux Ding, qui a bâti sa fortune sur la collecte du sang, continue de s'enrichir en vendant des cercueils et en organisant des " mariages dans l'au-delà " pour unir ceux que la mort a séparés. Le Rêve du Village des Ding est un roman bouleversant. Bouleversant par la tragédie qu'il raconte, bouleversant parce qu'il n'est que la fiction d'une réalité plus terrible encore. C'est l'histoire de centaines de milliers de paysans du Henan contaminés par le sida que l'auteur évoque dans ce roman d'une émotion poignante, traversé de rêves et de prémonitions. " Colère et passion sont l'âme de mon travail ", dit Yan Lianke. Son livre est interdit en Chine et l'auteur privé de parole.

J'ai commencé ce livre sans vraiment regarder le résumé (promotion Amazon pour Kindle). C'était d'autant plus surprenant! Et cela, dès la première page...
Le roman raconte l'histoire d'un village (parmi tant d'autres semblables) et d'une famille, déchirée lorsque l'un des deux frères grimpe au niveau du Parti Communiste, alors que son frère est infecté par le SIDA et en meurt. Le narrateur est le jeune fils, mort empoisonné, d'un des frères; le style est touchant. Le roman raconte l'histoire absurde et terrible de la vie et de la mort d'une communauté entière, illustrant  l'absurdité d'un évenement collectif dans cette Chine Communiste-Capitaliste.

66° Nord - Michael Ridpath

Islande, janvier 2009. Des manifestations contre la crise financière éclatent à Reykjavik. Un groupe de protestataires font connaissance, s'échauffent, s'enivrent et finissent par tuer un banquier, accidentellement... Huit mois plus tard, un autre directeur de banque est assassiné. Et si des extrémistes avaient décidé d'éliminer les responsables de la crise ? Pour déjouer le complot, la police compte sur un homme : Magnûs Jonson, inspecteur américain d'origine islandaise. Mais, à force de parcourir la lande à la recherche des coupables, Magnûs va voir ressurgir les terribles drames de son propre passé... Dans l'atmosphère envoûtante de l'Islande, un polar au coeur de l'actualité, qui mêle scandales financiers et secrets de famille, légendes nordiques et problèmes modernes, pour nous faire frissonner d'effroi. 

Encore l'Islande..... J'ai bien aimé ce livre, même avec son intrigue sur fond 'économique'. On suit les deux histoires - l'une internationale, l'autre personnelle- tout au long du roman sans perdre l'intérêt. Le thème aborde la colère, l'impuissance, la crainte et l'avidité malsaine de richesses... Encore et toujours...

La Voix - Arnaldur Indridason

Mauvaise publicité pour l'hôtel de luxe envahi par les touristes ! Le pantalon sur les chevilles, le Père Noël est retrouvé assassiné dans un sordide cagibi juste avant le traditionnel goûter d'enfants. La direction impose la discrétion, mais le commissaire Erlendur Sveinsson ne l'entend pas de cette oreille. Déprimé, assailli par des souvenirs d'enfance douloureux, il s'installe dans l'hôtel et en fouille obstinément les moindres recoins...

Un livre assez claustrophobe- l'action se situe presque exclusivement à l'intérieur de l'hôtel. Du coup, ce troisième livre dans la série avec l'inspecteur Erlendur perd un peu de son charme pour moi. On ne voyage plus à travers les paysages islandais si étrange mais beau. L'histoire devient également plus banal- un bon polar peut-être, mais sans l'attrait des autres romans avec leurs évasions et coutumes de l'Islande.

samedi 24 mars 2012

En un monde parfait - Laura Kasischke


Jiselle, la trentaine et toujours célibataire, croit vivre un véritable conte de fées lorsque Mark Dorn, un superbe pilote, veuf et père de trois enfants, la demande en mariage. Sa proposition paraît tellement inespérée qu'elle accepte aussitôt, abandonnant sa vie d'hôtesse de l'air pour celle, plus paisible croit-elle, de femme au foyer. C'est compter sans les absences répétées de Mark, les perpétuelles récriminations des enfants et la mystérieuse épidémie qui frappe les États-Unis, leur donnant des allures de pays en guerre. L'existence de Jiselle prend alors un tour dramatique...

Je dois dire merci à François Busnel et à son émission La grande librairie pour cette découverte ; ce livre, qui débute plutôt comme un roman à l'eau de rose, mais finit par nous envouter. L'héroïne, la naïve Jiselle, va au fil de l'histoire et des drames montrer toute sa force et un sacré tempérament. Ce livre pose beaucoup de questions sur ce que nous ferions et deviendrons si notre quotidien était bouleversé comme dans le roman. Les personnages sont décrit avec une grande finesse.
J'ai lu que L Kasischke était parfois comparée à Joyce Carol Oates et c'est vrai que cela peut faire penser à son univers dur mais plein de sensibilité, auquel L. Kasischke rajoute l'étrangeté.
Je vous le recommande...

samedi 10 mars 2012

Dans la ville des veuves intrépides - James Canon


Depuis le jour où les guérilleros ont débarqué et réquisitionné tous les hommes du village de Mariquita, les femmes sont livrées à elles-mêmes. Qu’à cela ne tienne ! Les ménagères soumises, les épouses dociles vont instaurer un nouvel ordre social. Ainsi, les très moustachues soeurs Morales décident de remédier à leur condition de célibataires frustrées en créant un bordel ambulant ; Francisca, la veuve d’un grippe-sou notoire, mène la grande vie après avoir découvert le magot de son mari. Et puis, il y a la tenace Rosalba, auto-proclamée maire, et le padre Rafael, seul rescapé de la gent masculine, volontaire pour assurer la procréation de la nouvelle génération... Baroque, éblouissante de fantaisie, la chronique tragico-burlesque d’une bourgade perdue au fin fond de la Colombie.

Cela fait 2 mois je crois que je tente de terminer ce livre, et finalement je laisse tomber ; malgré quelques moments de lecture agréables, intenses et drôles, je trouve que c'est décousu ; on se perd dans l'histoire et les intermèdes sur la guérilla n'aident certainement pas à la compréhension. Dommage!

samedi 11 février 2012

Les mains libres - Jeanne Benameur

"Y a-t-il un signe dans le ciel qui indique que quelque part, dans une ville, au milieu de tant et tant de gens, deux êtres sont en train de vivre quelque chose qui ne tient à rien, quelque chose de frêle comme un feu de fortune? " Madame Lure est une vieille femme comme on en croise sans les remarquer. Dans l'appartement de son mari disparu, elle maintient chaque chose à sa place, tranquille et pour toujours. Elle évite tout souvenir, mais rêve grâce aux brochures de voyages qu'elle étale sur la table de la cuisine. Yvonne Lure entre dans les photographies, y sourit, y vit. Un jour, surprenant les doigts voleurs d'un jeune homme dans le grand magasin, elle se met à le suivre de façon irréfléchie jusqu'à son campement, sous l'arche d'un pont. Qu'ont-ils en commun, Yvonne, celle qui garde, et Vargas, l'errant? D'une écriture forte et lumineuse, Jeanne Benameur capte comme jamais les destins obscurs de deux parias innocents, tissant entre eux des liens intenses. Ressuscitant des pans de mémoire palpitante, elle aiguise le vide en chacun de nous. 
 
J'ai du mal à parler de ce livre et surtout de mes impressions car il ne raconte pas une histoire mais la laisse plutôt deviner avec un petit côté poétique ; une écriture rapide, des phrases courtes et des mots soigneusement choisis. Néanmoins on rentre dans l'univers si particulier, presque insignifiant, des personnages et de leur improbable rencontre...

dimanche 15 janvier 2012

La couleur des sentiments - Kathryn Stockett

Chez les Blancs de Jackson, Mississippi, ce sont les Noires qui font le ménage, la cuisine, et qui s'occupent des enfants. On est en 1962, les lois raciales font autorité. En quarante ans de service, Aibileen a appris à tenir sa langue. L'insolente Minny, sa meilleure amie, vient tout juste de se faire renvoyer. Si les choses s'enveniment, elle devra chercher du travail dans une autre ville. Peut-être même s'exiler dans un autre Etat, comme Constantine, qu'on n'a plus revue ici depuis que, pour des raisons inavouables, les Phelan l'ont congédiée. Mais Skeeter, la fille des Phelan, n'est pas comme les autres. De retour à Jackson au terme de ses études, elle s'acharne à découvrir pourquoi Constantine, qui l'a élevée avec amour pendant vingt-deux ans, est partie sans même lui laisser un mot. Une jeune bourgeoise blanche et deux bonnes noires. Personne ne croirait à leur amitié ; moins encore la toléreraient. Pourtant, poussées par une sourde envie de changer les choses, malgré la peur, elles vont unir leurs destins, et en grand secret écrire une histoire bouleversante. Passionnant, drôle, émouvant, La Couleur des sentiments a conquis l'Amérique avec ses personnages inoubliables. Vendu à plus de deux millions d'exemplaires, ce premier roman, véritable phénomène culturel outre-Atlantique, est un pur bonheur de lecture. 

J'ai bien aimé lire ce livre et j'y ai retrouvé l'ambiance du film qui en a été tiré. Les sentiments des uns et des autres ne sont pas aussi tranchés que l'on pourrait le croire et les gens, blancs comme noirs, sont surtout coincés par les statuts de leurs communautés respectives à une période difficile pour la ségrégation raciale dans le Mississipi.Il a au moins le mérite de démontrer la difficulté à faire évoluer les mentalités, sujet toujours actuel.

lundi 9 janvier 2012

La femme en vert - Arnaldur Indridason

Dans une banlieue de Reykjavik, au cours d'une fête d'anniversaire, un bébé mâchouille un objet qui se révèle être un os humain. Le commissaire Erlendur et son équipe arrivent et découvrent sur un chantier un squelette enterré là, soixante ans auparavant. Cette même nuit, Eva, la fille d'Erlendur, appelle son père au secours sans avoir le temps de lui dire où elle est. Il la retrouve à grand-peine dans le coma et enceinte. Erlendur va tous les jours à l'hôpital rendre visite à sa fille inconsciente et, sur les conseils du médecin, lui parle, il lui raconte son enfance de petit paysan et la raison de son horreur des disparitions. L'enquête nous est livrée en pointillé dans un magnifique récit, violent et émouvant. Une femme victime d'un mari cruel qui la bat, menace ses enfants et la pousse à bout. Un Indridason grand cru! Ce roman a reçu le Prix Clé de Verre 2003 du roman noir scandinave et le Prix CWA Gold Dagger 2005 (Grande-Bretagne).

L'expansion de Reykjavík, un paysage perdu, les personnes 'disparues' lors de tempêtes de neige, des familles dysfonctionnelles..... 
Ce roman traite deux histoires parallèles- l'une qui commence à nos jours avec la découverte d'un corps enterré, l'autre beaucoup plus ancienne..... et dont il reste peu de témoins. Le côté 'policier' est présent, mais pas (pour moi) au premier plan; c'est plutôt l'histoire du passé qui l'emporte, une histoire racontée d'une main de maître au fil des pages. Les deux histoires se tissent avec équilibre.
J'adore l'ambiance islandaise, très particulière.

dimanche 8 janvier 2012

Le bonhomme de neige - Jo Nesbo

Oslo, novembre 2004, la première neige tombe sur la ville. Dans le jardin familial des Becker, un bonhomme de neige fait irruption, comme sorti de nulle part. Le jeune fils remarque qu'il est tourné vers la maison et que ses grands yeux noirs regardent fixement leurs fenêtres. Dans la nuit, Birte, la mère, disparaît, laissant pour seule trace son écharpe rose, retrouvée autour du cou du bonhomme de neige. Dans le même temps, l'inspecteur Harry Hole reçoit une lettre signée "le bonhomme de neige" qui lui annonce d'autres victimes. Plongeant son nez dans les dossiers de la police, Harry met en lumière une vague de disparitions parmi les femmes mariées et mères de famille de Norvège. Toutes n'ont plus donné signe de vie le jour de la première neige. D'une sobriété étonnante, Harry Hole va se retrouver confronté, pour la première fois de sa carrière, à un tueur en série agissant sur le territoire norvégien et qui le conduira jusqu'au gouffre de sa folie.

Ce polar me laisse une impression bizarre : l'intrigue est intéressante (malgré tout j'ai deviné qui était l'assassin dès le départ!) mais le style d'écriture est déroutant voir incompréhensible parfois ; je n'ai tout simplement pas toujours compris certaines phrases et je trouve qu'il y a quelques longueurs aussi.... Mais cela se passe en Norvège et j'aime bien l'ambiance des pays scandinaves (encore une envie de voyage à assouvir...)

mercredi 4 janvier 2012

La cité des jarres - Arnaldur Indridason



« C’est difficile d’imaginer des enquêtes intéressantes dans un pays où rien n’arrive », prétend Arnaldur Indridason. Et voilà pourquoi le meurtre qui inaugure son premier roman traduit en France est considéré par ses enquêteurs comme une affaire « typiquement islandaise ». Comprendre : d’une banalité affligeante. Une histoire de vol qui tourne mal ou un crime de rôdeur. Sauf que pas du tout. Heureusement pour le lecteur, l’affaire s’avère nettement plus complexe et sordide au fil du travail des limiers de Reyjavik, au premier rang desquels l’inspecteur Erlendur, héros des polars d’Indridason. Un flic meurtri dans sa vie privée mais au flair infaillible, une société à l’apparence lisse mais ravagée de l’intérieur, un dossier qui oblige tous les protagonistes à plonger dans un passé sombre, les ingrédients ne sont pas vraiment nouveaux. Si l’on ajoute à cette sauce une écriture d’une platitude parfois réfrigérante, on pourrait classer cette Cité des Jarres en dessous du niveau de la banquise des romans nordiques qui dérivent depuis quelques temps en masse vers nos lattitudes. Pourtant, Indridason parvient tout doucement à imposer une réelle tension, une petite musique qui finit par vriller les tympans au fur et à mesure que son inspecteur fouille et exhibe de vilains secrets familiaux. Cet acharnement l’air de rien à mettre à jour la violence qui bout sous la glace emporte la conviction, et on se félicite de l’apparition surprise de cet auteur qui connaît de plus un très bon accueil des lecteurs hexagonaux. A suivre donc avec attention.

Une histoire bien construite, qui passe par un meurtre à l'apparence banal, la photo d'une tombe de petite fille, une maladie génétique rare et la banque de donnée génétique islandaise. Le tout sur fond de crimes apparemment oubliés, vieux de 40 ans qui refont surface.
Je ne sais pas pourquoi les policiers romanesques sont toujours seuls, tristes, depressifs, d'un certain âge avec surcharge pondérale et les problèmes associés, mais c'est aussi le cas d'Erlendur. Malgré cela, il reste assez sympathique.

Horreur Boréale - Asa Larsson


Une ferveur religieuse sans précédent s'est emparée de la petite ville minière de Kiruna, en Laponie, depuis que le charismatique Viktor Strandgârd, le Pèlerin du Paradis, a survécu à un terrible accident et est revenu d'entre les morts. Pourtant, un matin, il est retrouvé sauvagement assassiné et mutilé dans l'église de la Force originelle où il officiait. Sanna, la fragile soeur de Viktor, demande à son amie d'enfance, Rebecka Martinsson, avocate fiscaliste à Stockholm, de venir la soutenir et l'aider à échapper aux soupçons de la police. Rebecka, aux prises avec son passé et menacée par les disciples de cette communauté religieuse qu'elle a fuie, doit prouver l'innocence de Sanna au nom d'une amitié depuis longtemps brisée...

Biographie de l'auteur

Asa Larsson est née à Kiruna en 1966. Juriste de formation, elle a travaillé à l’Office national des impôts. Avec cette première enquête de Rebecka Martinsson, récompensée par le prix du premier roman policier suédois en 2003, elle a fait une entrée fracassante en littérature. Trois autres enquêtes, qui ne sont pas traduites en français, ont été publiées.

Un livre qui se lit vite même si j'ai trouvé le thématique 'réligion' un peu ennuyeux. Kiruna est le seul endroit que j'ai visité en Suède, et cela a ajouté à son intérêt pour moi. Les descriptions du paysage et de la vie lapones ajoutent à l'isolement et l'étrangeté de l'histoire.