vendredi 31 juillet 2015

La chute des géants - Ken Follett



Le jour où le roi George V fut couronné à l'abbaye de Westminster à Londres, Billy Williams descendit pour la première fois à la mine, à Aberowen, dans le sud du pays de Galles.
En ce 22 juin 1911, Billy fêtait ses treize ans. Son père le réveilla. La méthode de Da était plus efficace que tendre. Il lui tapota la joue, à un rythme régulier, fermement, avec insistance. Billy dormait à poings fermés et, pendant quelques instants, il essaya de l'ignorer, mais les petites claques continuaient impitoyablement. Il éprouva un élan de colère puis se rappela qu'il devait se lever, qu'il voulait même se lever. Il ouvrit les yeux et s'assit d'un bond.
«Quatre heures», annonça Da avant de sortir de la chambre et de descendre bruyamment l'escalier de bois.
Aujourd'hui, Billy commençait à travailler. Il serait apprenti mineur, comme la plupart des hommes de la ville l'avaient été à son âge. Il regrettait de ne pas se sentir tout à fait dans la peau du personnage. Mais il était bien décidé à ne pas se ridiculiser. David Crampton avait pleuré la première fois qu'il était descendu au fond et on l'appelait encore Dai Ouin-ouin, alors qu'il avait déjà vingt-cinq ans et était la vedette de l'équipe de rugby de la ville.
En ce lendemain du solstice d'été, la petite fenêtre laissait passer la lumière claire de l'aube. Billy se tourna vers son grand-père, allongé à côté de lui. Les yeux de Gramper étaient ouverts. Il était toujours éveillé quand Billy se levait; il disait que les vieux, ça ne dort pas beaucoup.
Billy sortit du lit. Il ne portait que son caleçon. Par temps froid, il gardait sa chemise pour dormir, mais cette année-là, la Grande-Bretagne bénéficiait d'un bel été et les nuits étaient douces. Il tira le pot de chambre rangé sous le lit et en ôta le couvercle. 

Comme toujours, avec Ken Follett, on est pris dans le tourbillon  de l'Histoire. Mais, paradoxalement, la minutie avec laquelle il décrit les batailles ou la diplomatie, altère notre intérêt. Et que dire d'un roman historique sur la "grande guerre" dans lequel les français n'apparaissent pratiquement pas! Bien mais frustrant.

vendredi 24 juillet 2015

Le mystère des livres disparus - Ian Sansom


Le Mystère des livres disparus, premier titre de la série des « Enquêtes en bibliobus d'Israël Armstrong », démarre sur les chapeaux de roue !

Pour ce trentenaire londonien, replet, végétarien, féru de littérature, vêtu d'un costume de velours côtelé, portant de petites lunettes rondes cerclées d'or, les poches de son duffle-coat débordant de livres (au cas où...), devenir bibliothécaire était le rêve absolu.
Mais quand Israël Armstrong débarque à Tumdrum, en Irlande du Nord, pour prendre ses nouvelles fonctions, il est loin de se douter de ce qui l'attend.
Et pour cause : la bibliothèque vient de fermer définitivement pour être remplacée par un bibliobus (en fait, un vieux fourgon rouillé).
Mais, pire encore, les 15 000 livres de la bibliothèque ont mystérieusement disparu. Et c'est à Israël, devenu malgré lui le premier et sans doute l'unique bibliothécaire-détective au monde, que revient la charge de les retrouver.
Durant cette enquête aussi hilarante que loufoque, Israël devra faire face à une population mal aimable, peu coopérative et dotée d'un accent épouvantable. Sans compter que rouler en bibliobus sur les routes étroites du fin fond de l'Irlande n'est pas chose aisée lorsque l'on possède un sens de l'orientation quasi nul.
Allant de quiproquos en fausses pistes, finira-t-il par amadouer les habitants et à éclaircir le mystère des livres disparus ? 

Loufoque : certainement, hilarant : non. Ce livre a failli me tomber des mains plusieurs fois mais je me suis accrochée malgré tout ; les "dialogues" fait d'onomatopées sont plus irritant à mon sens qu'amusant mais à chacun son humour. Par contre l'auteur réussit à nous montrer que différentes cultures ou religions peuvent cohabiter et le fait qu'il ait situé son roman en Irlande n'est certainement pas accessoire!

mardi 14 juillet 2015

Carnets de thèse - Tiphaine Rivière


Quand une jeune enseignante quitte son collège de ZEP pour se lancer, euphorique, dans une thèse, elle n'imagine pas le chemin de croix sur lequel elle s'engage... Autour de Jeanne défile l'univers des thésards : le directeur de recherche charismatique, expert dans l'art d'esquiver les doctorants qui attendent fébrilement la lecture de leurs pavés ; la secrétaire usant de toute l'étendue de son pouvoir d'inertie dans le traitement des dossiers dont on l'accable ; les colloques soporifiques où sont livrés en pâture les aspirants chercheurs ; les amphis bondés de première année devant lesquels ils s'aguerrissent en étrennant des cours laborieux payés au semestre et dont ils recueillent les fruits dans des copies désarmantes de candeur ; la jungle de la compétition académique et le dénuement d'une université malmenée ; la famille et les amis qui n'y comprennent rien ; l'infortuné compagnon endurant par procuration le calvaire de cette thèse qui n'en finit pas... A la manière d'un récit d'apprentissage, avec drôlerie et finesse, ce roman graphique raconte le quotidien de doctorants qu'on compte aujourd'hui en France par dizaines de milliers et qui, comme Jeanne, poursuivent leur recherche comme une quête existentielle. Vous en connaissez forcément. Après avoir lu ce livre, vous ne leur demanderez plus : "Alors, cette thèse ?" Après trois ans de thèse de littérature et un travail administratif au sein de l'école doctorale d'une grande université parisienne, Tiphaine Rivière a ouvert un blog illustré, "Le bureau 14 de la Sorbonne", et s'est réorientée vers la bande dessinée. 


Un roman graphique qui se lit d'une traite et croque la vie universitaire avec  force et réalisme. Très divertissant et instructif pour les  non-initiés.

Je suis là - Clélie Avit


Elsa n'a plus froid, plus faim, plus peur depuis qu'un accident de montagne l'a plongée dans le coma.
Thibault a perdu toute confiance le jour où son frère a renversé deux jeunes filles en voiture.
Un jour, Thibault pénètre par erreur dans la chambre d'Elsa et s'installe pour une sieste. Elle ne risque pas de le dénoncer, dans son état. Mais le silence est pesant, même face à quelqu'un dans le coma. Alors, le voilà qui se met à parler, sans attendre de réponse.
Ce qu'il ignore, c'est que pour Elsa, tout est fini, jamais elle ne se réveillera. Mais tandis que médecins, amis et famille baissent les bras, Thibault, lui, construit une relation avec Elsa. Est-il à ce point désespéré lui-même ? Ou a-t-il décelé chez elle ce que plus personne ne voit ? 

Un roman facile à lire, une bluette sympathique malgré  beaucoup d'invraisemblances. Mais surtout un point de vue original sur le coma et les choix faits dans ces circonstances!