samedi 6 novembre 2010

Sans Sang - Alessandro Baricco


"Dans la campagne, la vieille ferme de Mato Rujo demeurait aveugle, sculptée en noir contre la lumière du crépuscule. Seule tache clans le profil évidé de la plaine. Les quatre hommes arrivèrent dans une vieille Mercedes.
La route était sèche et creusée - pauvre route de campagne. De la ferme, Manuel Roca les vit. Il s'approcha de la fenêtre. D'abord il vit la colonne de poussière s'élever au-dessus de la ligne des maïs. Puis il entendit le bruit du moteur. Plus personne n'avait de voiture, dans le coin. Manuel Roca le savait. Il vit la Mercedes apparaître au loin puis se perdre derrière une rangée de chênes. Ensuite il ne regarda plus. Il revint vers la table et mit la main sur la tête de sa fille. Lève-toi, lui dit-il. Il prit une clé dans sa poche, la posa sur la table et fit un signe de tête à son fils. Tout de suite dit son fils. C'étaient des enfants, deux enfants."
Alessandro Baricco revient avec un roman court, violent, impulsif, tissé d'une économie de mots où les silences en disent long. Froissement de la mémoire comme celle d'une étoffe ou rugissement des flammes sur la folie des hommes, la lecture de Sans sang vous prendra à peine une heure. Une heure faite d'émotion sincère racontant ces hommes et ces femmes que l'histoire enchaîne à ses batailles et qui, par la faute de leurs parents ou d'eux-mêmes, resteront à jamais pétrifiés dans la violence des conflits. Comme si tuer offrait toujours une raison de tuer, encore. Une heure donc, qui en vaut plusieurs, tant ce récit bruisse de la beauté d'une littérature touchant au cœur.

Un style d'écriture (même en traduction) à la fois lyrique et précis, poétique et simple, où le silence parle autant que les paroles. L'histoire de toute une vie, de questions graves, racontée en peu de pages. Le thème de l'histoire n'est pas du tout repos (au début du livre, quatre hommes en Mercedes se rendent dans une ferme isolée pour exécuter un homme qui vit là avec ses deux enfants), mais le récit est riche en sentiments.

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